Le Dictionnaire des Tubes : Lettre A
Abacab (Genesis) 1981
Il s'agit du premier tube tous publics de ce groupe jusqualors considéré comme élitiste (Anthony Phillips, guitariste et membre fondateur, se rappelle qu'un soir, dans un club, le groupe s'est produit devant... une personne ! Par courtoisie, au bout de trois ou quatre morceaux, les musiciens ont demandé à leur unique spectateur quels titres il apprécierait d'entendre). Dans les années 70, Genesis était considéré comme un groupe "planant", progressif par excellence. Le succès de la formation reposait en grande partie sur le jeu de scène exubérant de son chanteur Peter Gabriel. Or, en 1976, Gabriel décida de faire carrière seul. La formation, prise à la gorge, fut tenue de lui trouver un remplaçant. Une audition monstre fut organisée, durant plusieurs semaines ; 400 chanteurs s'y présentèrent. Aucun, hélas, nétait à la hauteur des prouesses vocales de Peter Gabriel. Et, à chaque fois, le batteur du groupe, Phil Collins, susait la voix à montrer aux prétendants comment ils devaient chanter. Au bout du compte, lépouse de Phil Collins constata que, durant les auditions, cétait son mari dont la voix évoquait le plus celle de Gabriel. Il fut donc décidé, dun commun accord, que Phil serait désormais, à la fois, chanteur et batteur de Genesis, le groupe se résumant à un trio (d'où le titre de leur album "And then they were three"). Ceci ne pose pas le moindre problème en studio, mais savère délicat en concert : il est impossible de chanter et de frapper sa batterie sans être essoufflé rapidement. Afin dy remédier, décision fut prise dengager un nouveau batteur, Bill Bruford. Sous limpulsion de Collins, Genesis devint un groupe très populaire, enchaînant tube sur tube à partir de Abacab en 1981 (Follow you, follow me en 1982, Mama et Thats all en 1983 etc.). Parallèlement, Phil Collins entamait une carrière solo tout aussi grandiloquente.
Abanda (La banda) (Herb Alpert, Dalida) 1967
Dans l'Hexagone, Dalida interprète le titre en français, en version chantée, évidemment. Mais à l'origine "Abanda" est instrumental, interprété avec brio par Herb Alpert, le trompettiste playboy, équivalent américain de notre Georges Jouvin national ! Ce nest certes pas son plus gros hit (il sétait déjà illustré avec Spanish Flea, et publiera This guys in love lannée suivante) mais ce milieu des années 60 lui permet dimposer son nom dans le monde entier (il est notamment en tête des ventes d'album en 1966, dans son propre pays, avec le 33 T "Going places").
ABC (Jackson Five, Cleopatra) 1970, 1998
Les Jackson Five obtiennent trois tubes en 1970 : I want you back (n°1 aux U.S.A. et n°2 en Angleterre; repris en 1998 par Cleopatra), ABC (n°1 aux U.S.A. et n°8 en Angleterre) et The love you save (n°1 aux U.S.A. et n°7 en Angleterre). Ils sont indiscutablement la révélation de lannée. Talentueuse troupe découverte par Diana Ross, les Jacksons sont une famille de Noirs ; au box office, leurs challengers sont les Osmonds, qui, eux, sont blancs. Après dislocation des deux formations, des carrières solo se font jour : Donnie Osmond et Marie Osmond dune part, Jermaine Jackson et Michael Jackson dautre part (sans oublier leurs surs Janet Jackson et La Toyah Jackson).
Addicted To Love (Robert Palmer) 1986
Premier grand succès de ce chanteur anglais playboy, et premier n°1 aux Etats-Unis pour la firme britannique Island. Robert Palmer, aujourd'hui décédé, est surtout connu en France pour le tube Johnny and Mary.
Ah le petit vin blanc (Lina Margy) 1945
Jean Dréjac s'appelle en réalité monsieur Brun. Comme échappé du Marius de Marcel Pagnol, Jean Brun est né à Grenoble en 1921. Mais ce nom n'est pas très accrocheur pour percer dans le métier du spectacle. Il confectionne son pseudonyme de "Dréjac" en combinant ses deux autres prénoms, André et Jacques. Lorsque la guerre éclate, lOccupant instaure le S.T.O. (Service Travail Obligatoire en Allemagne) auquel Dréjac refuse de se plier. Résidant anonymement dans un petit hôtel parisien, contraint de se cacher, il redouble de prudence dans le moindre de ses déplacements. Un jour de 1943, exceptionnellement, il se rend aux cour-ses avec un ami... et gagne de quoi se payer un gueuleton bien arrosé sur les bords de la Marne. C'est de là que lui vient lidée de chanter les vertus du petit vin blanc qu'il a bu sous les tonnelles. Bien que recherché par la Gestapo en tant que Jean Brun, il a le privilège, sous son pseudonyme, de voir sa chanson, interprétée par Michèle Dorlan, choisie comme indicatif d'une émission qui passe deux fois par semaine sur... Fernsehsender Paris, la télé d'occupation ! Le véritable succès populaire interviendra après la Libération, grâce à la version de Lina Margy.
Aïcha (Khaled) 1996
Sur des paroles de Jean-Jacques Goldman, s'il vous plaît ! Un "numéro un" colossal : un disque de diamant, ça ne se refuse pas (une version comique verra bientôt le jour : "A!...tchaaa" par la Compagnie Roblès).
(L) Aigle noir (Barbara) 1970
Très certainement le plus gros succès populaire de la grande dame brune qui, jusqualors, restait fidèle à létiquette rive gauche, qui, pour beaucoup, signifiait: ennuyeux ! Ce titre est mystérieusement dédié à Laurence, comme lindique en grosses lettres la pochette.
Aimons-nous vivants (François Valéry) 1989
Le chanteur Jean-Louis Mouget fut lancé en 1974, au moment où le pays se demandait qui allait gagner les élections. Nouveau mandat pour Giscard d'Estaing? Entrée à l'Elysée de l'outsider de toujours, Mitterrand ? Dans le doute, Mouget décida d'accaparer les prénoms de chacun des deux candidats pour constituer son pseudonyme : François et Valéry. Sept ans plus tard, il se serait appelé sans doute Valéry François !
(Un) Air du folklore auvergnat (Stella) 1966
Ce titre représente, évidemment, une réplique cinglante au tube de Sheila, "Le Folklore américain". Par la suite, Stella abandonnera la veine humoristique pour s'incorporer, sous le nom de Stella Vander, au groupe français Magma.
(The) Air that I breathe (the Hollies) 1970
Cette composition, traduite en français, donnerait quelque chose comme Lair que je respire. Et justement la chanson apporte un peu dair frais, sinon le succès, au groupe anglais les Hollies. Trente ans plus tard, le titre servira de support à la publicité dun produit pharmaceutique (Vicks VapoRub) qui, justement, aide les enrhumés à mieux respirer !
A la mi-Août (Ray Ventura et ses Collégiens) 1950
C'est dans cette chanson qu'on trouve la formule "faire les 400 Coups", bien avant le film de Truffaut. Ray Ventura dirigeait sa formation surnommée les Collégiens de main de maître, et révéla plus dun talent, notamment Henri Salvador (Ray Ventura était loncle de Sacha Distel).
Aline (Christophe) 1965, 1979
C'est le succès de l'été 65, tout autant que "Capri c'est fini" d'Hervé Vilard. A tel point qu'il va inciter un chanteur yéyé déjà oublié, Jacky Moulière, à intenter un procès à son interprète : Moulière s'attribue la paternité d'"Aline", dont il prétend qu'elle est calquée sur sa chanson intitulée "La romance", sortie deux ans auparavant (à l'écoute des deux titres, effectivement, on est en mesure d'y réfléchir à deux fois). Jacques Plante, l'éditeur musical de Christophe (celui de Moulière n'est autre qu'Henri Salvador), reconnaît les faits et propose un arrangement à l'amiable : le nom de Jacky Moulière apparaîtra désormais sur les prochaines rééditions du disque, et Jacky touchera même un arriéré sur les exemplaires déjà vendus. Malgré tout, l'affaire s'envenime et Rigolo, la firme discographique de Salvador, attaqué en justice Christophe, suspecté de plagiat. En première instance, en 1967, l'artiste est condamné mais fait appel et, trois ans plus tard, bénéficie d'un jugement contraire. Henri Salvador admettra qu'il aurait mieux de rester couché le jour où il décida de porter l'affaire devant les tribunaux ! Ce nouveau succès d'"Aline", cette fois juridique, persuade Christophe de rééditer, en pleine vague disco, sa chanson fétiche. Et, à l'opposé de toutes les stars qui réenregistrent leurs vieux succès au goût du jour, avec de nouvelles orchestrations, Christophe, lui, se paye le luxe de publier la version originale de sa chanson, qui, immédiatement, grimpe au sommet des hit-parades.
Allah (Véronique Sanson) 1989
Le 28 février de cette année-là, Véronique Sanson, une heure seulement avant le début d'un concert, reçut une lettre de menaces lintimant dannuler son spectacle, sous peine de faire sauter lOlympia. Motif : sa chanson "Allah" publiée dans son nouvel album "Moi le venin". La menace est prise au sérieux : les attentats de 1986 en plein coeur de Paris sont encore dans tous les esprits, et lIran, par la voix de layatolah Khomeny, a mis à prix la tête de Salman Rushdie. Il est pratiquement impossible dannuler la représentation. Après concertation avec ses musiciens, Véronique prend la décision de retirer "Allah" de son répertoire, et sen explique lors dune conférence de presse. Elle reconnaît capituler devant un ennemi invisible... invisible mais dangereux. La police lui a d'ailleurs conseillé la plus grande prudence. Cette affaire conduira à retirer progressivement son disque des bacs des disquaires : tout magasin doit être en mesure de protéger, dassurer la sécurité de son personnel et de sa clientèle. Véronique se retrouve bientôt lâchée par tout le monde: les radios et les télés ne faisant pas un gros effort pour diffuser lartiste. Qu'en pensaient ses collègues artistes ? Yves Simon, le premier, rappelle que lexpression artistique est incompatible avec les dogmes et les totalitarismes. Symboliquement, le gouvernement prenait position le 21 mars en rappelant son ambassadeur à Téhéran. Laffaire sarrêta là, et cest tant mieux pour Véronique Sanson qui évita les tourments connus par Rushdie durant deux décennies.
All along the watchtower (Jimi Hendrix) 1968
Cette chanson, lorsquelle fut composée par Bob Dylan, passa presque inaperçue. Cest Hendrix qui sut la magnifier grâce, notamment, à quel-ques solos de guitare que même les professionnels avouent être, encore aujourdhui, incapables de reproduire. A tel point que, malheureusement, Hendrix fut presque dans lincapacité de rejouer le titre en public (à lîle de Wight, à loccasion de lun de ses derniers concerts, il sembourbe dans le morceau, ne se rappelant plus des paroles). Interprété par Hendrix, ce morceau parut pour la première fois sur le 33 T intitulé Electric Ladyland et dont la pochette originale, qui ne plaisait pas beaucoup à lartiste, représente 21 femmes nues. La pochette plus ou moins interdite à sa sortie. Quant au titre, trente-cinq ans plus tard, il fut utilisé pour vanter les mérites d'une automobile dans un spot publicitaire diffusé à la télévision.
All American Girls (Sister Sledge) 1981
C'est leur ultime succès. Elles sont quatre (Debra, Joan, Kim et Kathie), et sont véritablement surs. Pas assez nombreuses pour former une équipe de football, peut-être influencées par les Jackson Five, les Soeurs Sledge (nées à Philadelphie, en Pennsylvanie) décident de faire carrière dans la chanson. Au début des années 70, elle sont choristes. Cest sans doute le meilleur moyen d'accéder à la notoriété tout en apprenant le difficile métier de la chanson. Et ça marche pour elles, puisquelles obtiennent, jusquà 1974, quelques succès bien classés dans les hit-parades de ryhthmnblues. Leur carrière prend un tournant décisif lorsquelles rencontrent les deux têtes pensantes du groupe Chic, Nile Rodgers et Bernard Edwards. Grâce aux fabuleux producteurs, elles se retrouvent au sommet du hit-parade, mieux classées encore en Grande-Bretagne que dans leur propre pays. 1979 fut véritablement leur année : au printemps, elles rentrent au top avec "Hes The Greatest Dancer", suivi, à lété, par "We Are Family" et "Lost In Music" à lautomne. Leurs disques, dailleurs, se croisent, dans le hit-parade, avec ceux de Chic ! Mais les filles sémancipent et décident de se séparer de leurs mentors pour se produire elles-mêmes à partir de 1981, année de leur dernier tube, "All American girls".
All by myself (Eric Carmen, Céline Dion) 1976, 1996
Eric Carmen ne passera jamais à la postérité. Son premier groupe, les Raspberries, n'a jamais décroché un hit. En en solo, son seul succès n'est pas véritablement signé de sa plume. Indiscutablement, à la première écoute, on y ressent les influences de la musique classique et particulièrement celle du compositeur russe Rachmaninov : c'est son "Concerto pour piano n°2" qui a servi de base ! Bon, Eric Carmen touchera quand même de confortables royalties sur les paroles de sa chanson, reprise vingt ans plus tard par Céline Dion.
All I Really Wanna Do (the Byrds) 1965
Une chanson de Bob Dylan dont semparent les Byrds et Cher, tous américains. Ce nest pas un énorme tube (9e en Angleterre pour les deux, et aux U.S.A. 40e pour les Byrds, 15e pour Cher qui venait dêtre n°1 avec I Got You Babe au sein du duo Sonny & Cher). En France, Hugues Aufray en délivra une excellente version (Ce que je veux surtout, dans lalbum Aufray chante Dylan).
Allo Maillot 38-37 (Franck Alamo) 1964
A l'origine, l'idée n'était pas stupide : Alamo chantait le numéro de téléphone de sa maison de disques, Barclay. Mais l'élocution du chanteur n'étant pas irréprochable, une brave dame, qui n'avait rien à voir dans l'histoire (sinon un numéro d'abonné fort voisin, le 36-37) fut dérangée durant plusieurs mois par des milliers d'appels incongrus. Inutile de préciser qu'elle porta plainte. Le procès, sans doute le plus ridicule du siècle, eut-il lieu ?
Alouette (Gilles Dreu) 1968
Ce titre, extrait de la Missa Criolla, aurait dû être interprété par Jean-Claude Pascal, acteur et chanteur de charme, qui, cependant, réalisa que le thème en question méritait un "punch" qu'il n'avait pas, et que la chanson conviendrait bien mieux à un chanteur "à coffre" : Gilles Dreu. Les paroles, elles, sont signées Pierre Delanoë, qui sest totalement inspiré, et imprégné, de la version initiale. Le disque étant publié sur disque AZ, partenaire d'Europe n°1, il passa immédiatement sur les ondes. Pour Gilles Dreu, qui avait déjà sorti une poignée de 45 tours dans l'indifférence la plus totale, ce fut un miracle, qui se prolongea deux ans, jusqu'à ce que son public se détourne de lui. Dreu devint alors animateur de télévision. En 1976, il tenta d'effectuer un come-back. Il est aujourdhui kinésithérapeute. Quant à "Alouette", il sera enregistré sous son titre original, "A la huella (Peregrinacion)" par Paco.
Alright Alright Alright (Mungo Jerry) 1973
Le groupe, sur le plan international, na jamais véritablement retrouvé le succès, après limmense tube de 1970, In The Summertime. Ce titre, néanmoins, les ramena au tout premier plan en Angleterre... à tel point quon saperçut rapidement que Alright Alright Alright était plus ou moins un plagiat de Et moi, et moi, et moi de Jacques Dutronc (1966). Tout cela se règla à lamiable: seules les premières éditions du 45 T ne portent pas le nom de Dutronc en tant que compositeur.
America (du film "West side story") 1963
Pour une fois, c'est la version originale américaine du compositeur Berstein qui passa sur nos ondes, beaucoup plus fréquemment que les adaptations (notamment par Danyel Gérard). Le titre reviendra en force en 1968 dans une version déjantée par le groupe anglais the Nice mené par l'organiste fou Keith Emerson. Le saviez-vous ? Elvis Presley lui-même fut pressenti pour interpréter le rôle de George Chakiris. Mais, problême d'égo, son nom, qu'il aurait voulu géant sur l'affiche, devait être imprimé en caractères de taille égale à ceux du nom de l'interprète féminine. Mais Elvis ne regrettait rien : il aurait dû, pour les besoins du film, porter des "jeans", ce qu'il détestait: cela lui rappelait sa jeunesse pauvre.
American Pie (Don McLean, Madonna) 1971, 2000
Lartiste folk fait référence au 3 février 1959, the day when music died (le jour où la musique mourut) suite à laccident davion de Buddy Holly, Richie Valens et Big Bopper. Cette affirmation peut, certes, paraître exagérée, mais néanmoins il faut admette quaprès les décès de Buddy Holly et Eddie Cochran, les rockers survivants semblent avoir perdu toute créativité. John Lennon, par exemple, considérait que le rock'n'roll, ou, en tout cas, Elvis Presley, était mort le jour de son départ à l'armée (24 mars 1958). La musique rythmée restera en état de léthargie jusquà larrivée des Beatles. American Pie étant un long monologue de 8 minutes et demie, la chanson fut scindée en deux. Cest la raison pour laquelle vous notez dans les hit-parades le titre exact : American Pie part 1 (on a beaucoup moins écouté lautre face). Madonna, avec autant de succès, remet le titre au goût du jour en lan 2000.
(L') Amour est bleu / Love is blue (Paul Mauriat) 1967
Alors qu'on a oublié le nom de la chanteuse qui interprétait en français cette composition de Pierre Cour et André Popp, on se souvient que la version instrumentale de Paul Mauriat se retrouva numéro des hit-parades américains (il existe également une curieuse version rock de 1967 par le guitariste Jeff Beck).
Anarchy in the U.K. (Sex Pistols)
Certainement le plus météoritique de tous les grands groupes de la pop music : ces maîtres du punk rock nont vraiment existé que... 26 mois !
(Un) An en Amazonie (Antoine) 1971
Version française aujourd'hui totalement oubliée du second tube de T. Rex, "Hot love".
Another brick in the wall (Pink Floyd) 1979
Le succès de Money et du 33 tours Dark Side Of The Moon (1973) installe la zizanie entre les membres du groupe. Les premiers affrontements ont lieu dès le début des années 70 et s'aggravent au cours de l'enregistrement des albums Wish you were here en 1975, Animals en 1977, au point que le leader Roger Waters, persuadé que le groupe ne survivrait pas à son départ, décide de faire cavalier seul en 1985, après la sortie de l'album au titre prémonitoire The Final cut.
A Paris (Francis Lemarque, Yves Montand) 1949
Bien que Yves Montand soit devenu l'interprète attitré de Francis Lemarque, il refuse d'interpréter "A Paris". Lemarque s'empresse de proposer la chanson à Edith Piaf qui, elle, se montre intéressée. Malheureusement elle a déjà, à son tour de chant, un morceau à la gloire de la capitale, "Les amants de Paris". Elle propose à Lemarque de la lui réserver quelques mois. Montand l'apprend ; "si Piaf en veut, c'est que la chanson est bonne", pense-t-il à juste titre. Rivalité artistique ! Par respect pour la grande dame de la Chanson française, Montand l'informe qu'il va la lui piquer. Profitant de son influence sur Francis, Yves parvient, effectivement, à inscrire le titre à son répertoire, bien qu'il ne soit toujours pas convaincu des qualités de la chanson. De l'aveu même de son créateur, cette merveilleuse mélodie est tarabiscotée : elle n'a que 15 mesures, alors qu'elle devrait en compter 16. Cette malformation ne semble pas avoir choqué les millions d'amateurs qui la fredonnent depuis 1948, date à laquelle Montand la présente sur scène, très exactement le 14 juillet... Rien d'étonnant, car la chanson fait référence à la Prise de la Bastille.
Apesanteur (Kingset) 1967
C'est au sein de ce groupe que Michel Jonasz fait sa première apparition dans le monde du disque. Il publiera ensuite une poignée de 45 T sous le pseudonyme de Michel Kingset, mais devra attendra encore quelques années avant de retrouver le succès, sous son vrai nom, en 1975.
Armand (Pierre Vassiliu) 1963
Cétait un pauv gars qui sappelait Armand, l'avait pas dpapa, l'avait pas dmaman. Tout le monde connaît le premier succès de Pierre Vassiliu, bien avant Qui cest celui-là. Mais Pierre avoue que cest son frère qui trouvait les idées comiques, et aurait dû faire carrière à sa place!
Arnold Layne (Pink Floyd) 1967
Le premier groupe psychédélique anglais est progressivement devenu un multi-millionnaire du disque. Et cela en changeant trois fois de leader en trente ans d'existence. Le membre fondateur s'appelle Syd Barrett; encore étudiant, il joue de la guitare dans diverses formations musicales, et surtout monte un duo avec un certain David Gilmour, qui aura beaucoup d'importance dans le futur. De leur côté, Roger Waters, Rick Wright et Nick Mason s'illustrent au sein d'un groupe appelé Sigma 6. Ils ont auparavant essayé de décrocher, sans succès, un contrat d'enregistrement sous les noms de T-Set, Abdabs et enfin Screaming Abdabs. Dans l'espoir d'évoluer musicalement, Waters prie Barrett de se joindre à Sigma 6. Barrett accepte, et baptise le groupe The Pink Floyd Sound (contrairement à l'opinion répandue, Pink Floyd ne signifie pas "Flamant rose": c'est un collage de deux noms de joueurs de blues, PINK Anderson et FLOYD Council). La formation commence à se produire à Londres dès 1966 et acquiert la notoriété de groupe d'avant-garde: projections de diapositives multicolores, distribution de fleurs au public et sonorisation quadraphonique (on parle alors de "happenings"). Début 1967 paraît leur premier 45 T, le coquin et pervers "Arnold Layne", contant l'histoire d'un travesti qui vole des sous-vêtements féminins sur les cordes à linge. Inutile de dire que la chanson est interdite dantenne sur la très prude B.B.C. Ca nempêche pas le disque de grimper au hit-parade grâce aux diffusions des radios pirates, nombreuses à lépoque.
(Un) Autre monde (Téléphone) 1984
Après la première vague des groupes français, en 1961 (Chaussettes Noires, Chats Sauvages ), la deuxième vague dix ans plus tard (Ange, Martin Circus ), Téléphone avait su assurer sa suprématie sur la troisième vague. Tout comme Trust, Téléphone est allé à la rencontre de son public grâce à d'incessantes tournées dans la France entière. Mais le succès, à la radio, se fit tardif : sept ans se sont écoulés entre la parution de leur premier 33 tours et leurs véritables tubes sur 45 tours ("Cendrillon" et "Un autre monde"). C'est au printemps 1986, alors qu'ils dominent véritablement la scène française, que les jeunes gens décident de mettre un point final à leur carrière commune, se scindant en deux formations, Aubert N Ko et Bertignac et les Visiteurs.
(L') Aventurier (Indochine) 1983
Premier succès populaire du groupe, en hommage à Bob Morane, héros de bande dessinée, d'une série télévisée et, évidemment, d'un nombre im-pressionnant de livres de poche.
Avril au Portugal (Yvette Giraud) 1950
Cette rengaine, totalement oubliée aujourdhui, fut si populaire à lépoque, quon en retrouve une phrase, tronquée, dans une aventure de Gaston Lagaffe, lécoutant sur un vieux disque rayé. Cest ladaptation de Coïmbra, un fado dAmalia Rodriguez. Pour comprendre limpact de cette chanson (reprise aux Etats-Unis par Bing Crosby, puis Les Baxter en 1953), il faut se remémorer lattirance des Français qui découvrent, à lépoque, le plaisir de partir à l'étranger, en 2 CV, voire en quatre-chevaux. Durant toutes les années 50, avant que le monde du disque ne soit dominé par les Anglo-Saxons, ce sont des chansons évoquant lEspagne, lItalie, la Grèce, le Portugal qui marchent dans lHexagone. Ensuite au début des années 60, le François moyen commence à découvrir le voyage en avion (Si tas été à Tahiti est un succès de 1959).
(L) Aziza (Daniel Balavoine) 1986
Quelques jours seulement avant son accident, Balavoine avait reçu, des mains de Harlem Désir, le Prix S.O.S. Racisme pour son ultime 45 T, "LAziza", mot qui signifie chérie en arabe. La chanson serait très certainement devenue n°1 du hit-parade avant son retour d'Afrique. Jusqualors, le grand public avait choisi "Le chanteur" (1978) comme plus grand succès de Balavoine. Avec "LAziza", dédiée à Corinne, sa compagne juive marocaine, il battit ce record... Mais ce fut aussi son dernier témoignage. Car le Paris-Dakar ne lui a jamais porté chance : il y participe une première fois, en 1983, en tant que co-pilote de Thierry Deschamps sur Datsun. Mais le véhicule tombe rapidement en panne... Son deuxième Pa-Dak, en 1985, il le court avec Jean-Luc Roy; leur voiture termine 30e après des tas dincidents. Une troisième et hélas dernière fois, il part pour servir de caution humanitaire à son ami Thierry Sabine. Le 14 janvier 1986, Thierry Sabine en personne, propose à Balavoine un baptême de lair en hélicoptère. Une tempête de sable fait rage. Les passagers de lhélico sont condamnés.